Le fusil dans l'étui

Hery

Je marche sous les voûtes et les arches
Galère sous les porches, crache sur les marches
Les mains dans les poches, cannette dans la manche
Je rêve de revanche en semaine et l'dimanche
Je traîne en zone franche, où l'indigène flanche
Ou le système se penche sur les peaux blanches
Lèche les plus riches, prêche les backchiches
Le vol, la triche, les vices qui aguichent
Ma vie c'est le vide, le creux, le bide
Les coins sordides, les blagues morbides
Le décors du nord et puis des caïds
Sans remord, aucun et que la fièvre de l'or guide
Des frères sous acide, des porcs qui décident
D'infliger la mort sans risquer l'homicide
Des tonnes de suicides et moi qui dilapide
cvant d'avoir des rides, ma santé et mon liquide
J'éprouve pour ce bled une rage qui m'obsède
Quand ils projettent de mettre en place l'apartheid
Quand ma tête a l'écart est la cause qu'ils plaident
Quand ils nous privent nous rejettent et puis nous dépossèdent
Et mes tours sont laides, mon parcours est raid
J'suis à bout abimée nomade et sans remède
J'ai d'la haine en trop refuse l'entre-aide
Je n'demande ni aumône, ni offrande, ni aide

La haine me suit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie
La chance me fuit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie

Tous les jours je gère et endure
Insultes, luttes, chutes, échecs et injures
Ignore la nature, le sommeil et l'azur
Et les couchers d'soleil et les bouffées d'air pur
Je n'vois que misère, grisaille et bulldozer
Et pas mal de mes frères moisir sans loisirs
Choisir au hasard un boulot a saisir
Et s'retrouver précaire et sans aucun plaisir
clors moi je sors et m'emmerde a mort
Je vis sans horaires, je dors a l'aurore
J'adore l'univers de la nuits et ses abords
Et le doux réconfort d'un grand verre d'alcool fort
Les pauvres qui perforent de riches coffres-forts
Sans efforts se sauvent avant les renforts
La casse et le del-bor, ma race et mon folklore
La crasse qui détériore leur emblème tricolore
Derrière les barrières se trouve ma carrière
cujourd'hui l'brouillard et demain la fourrière
Que veux-tu qu'j'espère d'faire du son, du sport
La photo est trop foncée sur mon passeport
J'suis aigrie, amère le cœur sous armure
Même que la rancoeur, le hardcore et le rap dur
Me tape sur les murs, me tape du futur
Joue ma vie au balltrap jusqu'à ma sépulture

La haine me suit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie
La chance me fuit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie

Je suis noire, désinvolte et en révolte
Il en résulte mes raisons d'prendre le colt
cux vues d'ce qu'j'récolte la crise et la honte
La haine qui me hante, la tension qui monte
Le glaive sur ma tête et puis sur ma route
Sirènes, descentes, doutes et déroutes
Une sale vie d'alutes que seul le sang exalte
Et qui souvent exulte quand il coule sur l'asphalte
Et ça suinte, la crainte, les pleurs et les plaintes
Les rues et les feintes, les caves que j'emprunte
Les caves que j'arpente l'ennui et l'attente
L'achat et la vente et les rêves qu'on s'invente
Les flics qu'on évite, souvent qu'on évoque
Quand tribunaux et grandes instances nous convoquent
Et je suis ce produit qu'on a réduit
c marcher jour et nuit le fusil dans l'étui

La haine me suit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie
La chance me fuit, là où je suis
J'ai du mal à garder le fusil dans l'étui
J'ai rempli le canon et puis
Il se peut qu'un beau jour pour un rien j'appuie

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