Invocation

Béatrix Rodès, Ernest Bloch

Les colonnes du temple s'animent
D’une pâleur plus chaude dans la pourpre du couchant
C'est l'heure pacifique où le bois de sycomores
S’emplit de mystère et d'aménité
Sur la stèle fruste de la clairière sacrée
La prêtresse a déposé la cassolette fumante
Une à une, les mains jointes
Les vierges, drapées en la candeur de leurs mols vêtеments
Défilent dans la sentе tracée par leurs pas et se prosternent
Les bras croisés sur la gorge, dans l'attitude adorante du rite
Devant l'autel où brûle l'offrande parfumée
Et tandis que la flamme monte
Monte vers les feuilles attardées aux rameaux
Tandis que l'air vibre alentour
Et qu'à travers les voiles de fumée
Les arbres semblent chanceler et se raidir
En des poses extatiques
Des formes blanches encore émergent du lointain flou
Telles de grandes fleurs étranges
À leur approche, le bois s'abime dans le silence
Et recueille son âme éparse
C’est l’heure pacifique

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