La vieille Margot

Gilles Vigneault, Robert Bibeau

Aussi vrai que j’m’appelle Margot
C’est par quarante en bas d’zéro
Ma mère m’envoye quérir de l’eau
Dans l’puits qu’est gelé su’ l’p’tit coteau
Vas-y
C’est en r’gardant le p’tit oiseau
Qu’est v’nu s’poser sur un poteau
Que j’me sus retrouvée su’ l’dos
Mon eau d’un bord, pis d’l’aut’ mon seau

Mon eau d’un bord, pis d’l’aut’ mon seau
J’vois-t-i’ pas v’nir le grand Paulo
Dans son barlot, p’tit train, p’tit trot
Arrête son ch’val, ramasse mon seau
Poli
V’là qu’i’ me r’garde de bas en haut
Un oeil en bas pis l’aut’ pas haut
«V’nez vous chauffer dans mon barlot»
Pis v’là son ch’val qui prend l’galop

V’là donc son ch’val qui prend l’galop
Le temps de r’trouver les cordeaux
On était su’ l’chemin d’en haut
Partis pour le tour du hameau
L’bandit
Il avait plus de mains que d’mots
Le temps de r’trouver mon manteau
On avait fait cinq milles de trop
Pis i’ m’avait une trâlée d’flos

Ah! té di de dilam…

Cré lui!

I’ m’avait fait une trâlée d’flos
Moitié jumelles, moitié jumeaux
Pis ma plus belle s’appelle Mado
C’est elle que j’envoye chercher d’l’eau
Au puits
J’ai pas attendu les journaux
Pour y expliquer l’recto, verso
Pis par quarante en bas d’zéro
Elle a pas peur d’un p’tit oiseau
J’vous dis

J’y ai dit:
«Si tu veux que l’pays soit beau
Prends les recettes d’la mère Margot
Plus de légumes, pis moins d’gâteaux
Plus de travail, pis moins d’lotos
Maudit!
Plus de logements, pis moins d’châteaux
Plus de voilure, pis moins d’drapeaux
Plus de bicycles, pis moins d’autos
Pis arrêter d’pisser dans l’eau
Aussi»

Faut arrêter d’pisser dans l’eau
Cesser de s’prendre pour sa photo
Avoir sa peau pour Tuxedo
Pis mettre son ch’val devant l’barlot
Bien oui!
Pas avoir peur d’un p’tit oiseau
Ni d’un quarante en bas d’zéro
Pis comme disait mon grand Paulo
Savoir se retrouver su’ l’dos

Ah! té di de dilam…

Oh ben c’est… Non, non, non, non… laissez-le passer. Au
contraire… Rentrez, monsieur Paulo. C’est le mari de madame
Margot dont je viens de justement…

— Tasse-toé! T’en as assez fait, t’en as assez dit. T’es rendu
assez loin comme ça. Éloigne! Morveux!

Excusez-moi, j’ai pas l’habitude, i’ est pas question que j’la
prenne. Mais trop, c’est trop. Moé, là, j’sus Paulo. J’sus l’mari de
c’te femme-là. Depuis quarante-deux ans, déjà. J’en dis pas
plus là-dessus, j’en dirais trop. J’arrive icitte à soir, j’ai dit: j’vas
aller m’assir là, j’vas écouter, on sait jamais, un jeune… j’aurais
pas dû. Déçu, madame, déçu. J’ai payé ma place! Cher!
J’sus pas aussitôt assis, tranquille, j’ai dit: j’vas passer une p’tite
soirée, sans déranger personne… Écouter la musique. Jouent
ben. J’entends quoi? Raconter en public, intimement, l’histoire
intime de mes amours propres! C’est plaisant! Payer pour ça!
Aye! Aye! Là, j’ai dit trop, c’est trop.
Hein? Mais t’as rien à ajouter, ben fais attention à tes…
Éloigne-toi, t’es un effronté pis elle c’est une placoteuse!
Pis veille ben quand j’vas…
Encore, monsieur, madame, encore si y avait, dans le bricà-
brac qu’i’ vient d’vous conter là, une p’tite parcelle
de que’ques miettes de graines de la moitié d’un trois quarts
d’la vérité de c’qui s’est passé, dans l’temps, quand ça s’est passé
pour vrai… Mais… mais…

Non, non, j’vous en veux pas, vous autres, vous jouez ben d’la
musique, c’est correct, j’t’en veux pas, l’jeune. Là, tu vas me
r’prendre le trot à Faraud, tu l’avais bétôt. C’était correct, c’est
tout c’qu’i’ y avait d’bon dans son affaire.

Tant qu’à être rendu icitte, aussi ben essayer d’rétablir les faits.

Aussi vrai que j’m’appelle Paulo
C’est par quarante en bas d’zéro
Faisait pas chaud, faisait ben beau
J’attelle Faraud su’ mon barlot
Hardi
C’t’en r’virant su’ l’p’tit coteau
Qui c’est que j’vois? C’est la Margot
J’ai pas eu l’temps d’y dire trois mots
Les pieds y partent, la v’là su’ l’dos

Les pieds y partent, la v’là su’ l’dos
Son eau d’un bord, pis d’l’aut’ son seau
J’viens les yeux grands comme des hublots
«Arrête, arrête, arrête, Faraud»
A’ m’dit:
«J’peux-t-i’ m’chauffer dans vot’ barlot?»
Comment r’fuser, c’était trop beau
Sitôt montée, ôte son manteau
Pis v’là mon ch’val qui prend l’galop

V’là donc mon ch’val qui prend l’galop
C’est p’t-être qu’il en aurait vu d’trop
Le temps de r’trouver mes cordeaux
Nous v’là partis su’ l’ch’min d’en haut
Mal pris
«On est trop bien dans ton barlot
Pis t’es l’plus fin, pis t’es l’plus beau»
Plus question d’eau, plus question d’seau
Faraud avait r’trouvé l’p’tit trot

Ah! té di de dilam…

Prends ton temps mon Faraud, à c’t’heure, l’voyage est pris…

Faraud avait r’trouvé l’p’tit trot
Il avait les cordeaux su’ l’dos
Y a rien comme le bruit des sabots
Pour faire chanter le p’tit oiseau
Ici
Faut que j’résume, j’ai pus les mots
Mais mon plus jeune s’appelle
Jeannot
J’l’ai averti pour le barlot
Faut savoir lâcher ses cordeaux
Quiens!

J’y ai dit:
Si tu veux que l’pays soit beau
Prends les conseils du grand Paulo
Plus de légumes, pis moins d’gâteaux
Plus de travail, pis moins d’lotos
Maudit!
Plus de logements, pis moins d’châteaux
Plus de voilure, pis moins d’drapeaux
Plus de barlots, pis moins d’autos
Pis arrêter d’pisser dans l’eau
Aussi

Faut arrêter d’pisser dans l’eau
Cesser de s’prendre pour sa photo
Planter plus d’arbres, pis moins d’poteaux
Pis mettre son ch’val devant l’barlot
Ben oui!
Ferme pas tes yeux su’ c’qu’y a d’plus beau
Ouv’ tes oreilles au p’tit oiseau
Pis par quarante en bas d’zéro
Arrose le ch’min du p’tit coteau

Ah! té di de dilam…

Veux-tu savoir la vérité?
Ben, c’est comme ça qu’ça s’est passé
Pour vrai!

Curiosités sur la chanson La vieille Margot de Gilles Vigneault

Quand la chanson “La vieille Margot” a-t-elle été lancée par Gilles Vigneault?
La chanson La vieille Margot a été lancée en 1979, sur l’album “Avec les mots du dimanche”.
Qui a composé la chanson “La vieille Margot” de Gilles Vigneault?
La chanson “La vieille Margot” de Gilles Vigneault a été composée par Gilles Vigneault, Robert Bibeau.

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