Ousmane

[Couplet unique]
Le soleil se lève
Brûlant le sol de sa lumière
Seuls 2-3 buissons se dressent
Dans ce désert de pierres
Non loin de là, se trouve son village natal
Bouna, petit village d’Afrique Occidental
Sur cette terre une cinquantaine de personnes vivent
Appartenant tout comme lui au peuple des Mossis
Voici Ousmane, fils unique des Diakité
Rare jeune en bonne santé
Futur chef, de sa lignée
Un jour, alors qu’il s’occupait des anciens
Ousmane entendit les grognements du chien
Soudain, une impression de déjà-vu
Ce faux calme dans la rue Cette odeur de tabac qui brûle
Ça y est il en est sûr
C’est le chef de Canton français
Ce Blanc qui a fait fusiller son père l’année passée
D’un coup les visages changent
Tout le monde est apeuré
Les femmes sont toutes en pleurs
Face à celui qui les a violées
L’homme s’exclame d’un air fier
Que la France a besoin d’hommes pour remporter la guerre Promettant milles et merveilles
Certains yeux s’écartèrent
Ainsi 2-3 personnes se portèrent volontaires
Vexé par le résultat
L’homme s’énerve et donne des ordres
D’un coup les soldats foncent, attrapent les gens et les frappent au corps
Ousmane se débat, sa mère crie de toutes ses forces
Jusqu’à ce coup de crosse à la tempe
Le projetant inanimé au sol
C’est sur le pont, qu’Ousmane reprend ses esprits
Choqué de voir autant de frères noirs sur ce navire
En voyant des armes
Il comprend ce qui l’attend
Ousmane fera la guerre du haut de ses 18 ans
Une fois sur le sol français
On l’équipe de la tête aux pieds
En manque de temps pour bien le former
On lui montre juste comment tirer
Pas le temps de se reposer
En avant marche leur dit l’officier
Direction les tranchées de la Marne ensanglantée
Quelques jours de marche suffisent pour atteindre l’objectif
Fasse à lui se dessine un paysage des plus morbides
A Reims, la ville, ou ce qu’il en reste dans ces débris
Ici les cadavres jonchent les ruines
Les trous d’obus remplacent les édifices
Certains civils encore présents dévisagent le régiment
Seule une brigade marocaine les accueille chaleureusement
On les installe dans un bâtiment rescapé des tirs allemands
Mais Ousmane n’est pas confiant
Et prie à longueur de temps 1918 au bord de la marne
Placé dans une tranchée Ousmane monte la garde
Il scrute les alentours les jumelles fixées sur le crâne
Exécutant chaque ordre de peur de finir au bagne
Chaque heure qui passe, est pour lui un calvaire
Le moral à 0 seul la pensée de ses proches le tient
Pourquoi faire cette guerre ?
Cette guerre n’est pas la sienne
Mais sa réflexion s’arrête net
Lorsqu’un obus lui frôle la tête
D’un coup sonne la cloche
Signifiant l’arrivée des boches
De toutes parts les balles ricochent
Les obus explosent, éclatent la roche
D’un coup, Ousmane n’hésite plus
Il doit survivre pour revoir sa tribu
Il attrape son arme et tire à vue
Abat un ennemi d’une balle en pleine nuque
Au loin du gaz remplit l’air
Tuant d’un seul coup 20 de ses compères
Ousmane pousse un cri de guerre
Court se mettre à couvert dans un cratère
Les Allemands sont dans tous les sens
Ousmane tente de faire résistance
Mais 2 balles à bout portant
Le tueront noyé dans son propre sang

Ousmane n’était qu’un enfant
Plus africain que français
Mais il a succombé pour la France
Offrant sa vie à des étrangers