LE BARRAGE
Le barrage
Courte nuit cathodique à renfort de step back /
Café noir sans sucre, un nouveau jour qui m’attaque /
J’voulais courir, j’irai demain, j’voulais tout te dire, j’pouvais pas /
J’ai la boîte mail qui me mange la tête et d’jà les doigts dans le tabac /
Y’a que des réclames dans les non lus, les types m’ont pas recontacté /
J’relance des progs’ de mon divan pour un vieux rêve contracté /
J’voulais être roi dans la lumière, chanteur pilier des haut-parleurs /
J’suis seul chez-moi, guitare à terre, mes mots blessés sentent la sueur /
J’aimerais te l’écrire la chanson drôle, intelligente et solaire /
J’voudrais que tu danses sur ma musique, qu’elle te dessine un sourire /
Un texte simple et généreux où je m’exclus de l’histoire /
Mais j’peux que t’offrir mon art obscur, mon spleen et mon désespoir /
Y’a pas que moi dans cette enclave, j’harcèle les gars pour que ça change /
J’suis trop vénère, ma mémoire lague, un goût amer sur ma langue /
Me fait cracher des revolvers à déplumer des colombes /
J’suis qu’un cimetière de rêves de gosse qui attend qu’on profane sa tombe /
Faut que je prenne l’air, que je regarde dehors comme fait la fée des marais /
Elle effleure, la mariée, les grains d’iode amarrés /
J’ai beaucoup de chance, mais j’pleure mon sort comme une merde d’enfant gâté /
J’voudrais que tu lises entre les lignes, mais trop de poissons j’ai noyé /
Mais trop de poissons j’ai noyé /
Dans le fleuve de nos histoires coulent des affluents de douleur /
Torrents de boue, sécheresses provisoires /
Demain j’irai /
Plastiquer le barrage, amener l’eau claire /
Rincer la roche, déclencher des cascades /
Noyer les flots noirs qui troublent nos humeurs /
Demain j’irai… /
La nuit porte conseil, dans le satin tuer le sabre /
Dans le sanctuaire du soleil sablons des flacons de calme /
Demain sera sacs de sel pour elle, pour moi sacrées scènes /
Ce dessin sombre saignera vert, jaune, orange ou bleu ciel /
Je lâcherai les vieux démons, mes belles marottes du passé /
Ces grands « blablas » sur nos p’tites gueules, miroir que j’traine en boulet /
Y en a des histoires à écrire sur de vraies âmes damnées /
Pendant qu’on surfe sur nos p’tites vies, y’a pas que des poissons noyés /
Y’a pas que des poissons noyés /
Dans le fleuve de nos histoires coulent des affluents de douleur /
Torrents de boue, sécheresses provisoires /
Demain j’irai /
Plastiquer le barrage, amener l’eau claire /
Rincer la roche, déclencher des cascades /
Noyer les flots noirs qui troublent nos humeurs /
Demain j’irai plastiquer le barrage /