PAULETTE
Je vais vous conter l'histoire
Pas très honnête en vérité
De Paulette, fille méritoire
Qui n'avait ja ja ja jamais, jamais fauté
Elle partit gagner sa vie,
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Chez un marchand de bonneterie
Et de cache corsets en gros
En la voyant si bien faite
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Le patron perdant la tête,
Lui offrit des coquelicots
Il lui fit d'abord des compliments,
Puis des serments, puis un enfant,
Pendant qu'elle disait avec émoi
"Je n'aimerai jamais que toi"
Elle le trompa sans mystère
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Avec un clerc de notaire.
V'la c'que c'est qu' d'être sans défaut
Elle partit avec la caisse
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Puis elle devint la maîtresse
D'un contrôleur du métro
Puis un général fut son amant,
Puis 2 lieutenants, puis 3 sergents,
Elle se prit alors tout le régiment
Oui, mais toujours très chastement
Et puis, elle se mit à boire
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Il lui fallait tous les soirs
Des tas de menthe verte sans eau
Elle en but jusque cinquante
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Quand elle eut assez de la menthe,
Elle s'envoya d’la coco
Elle connut alors toutes les passions,
Les obsessions, les abjections,
Elle usa les trucs les plus pervers
En long, en large et en travers
Elle tomba dans la misère
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Elle dut vendre ses jarretières
V'la ce que c'est d'être sans défaut
Elle subit un vrai martyre
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Puis elle se fit hétaïre
Du côté de la porte Maillot
Elle se vendit alors pour quarante francs
Puis pour vingt francs, puis pour dix francs
On l'eut même bientôt à moitié prix
Pour quarante sous service compris
Et voilà comment Paulette,
Toujours très honnête, toujours comme il faut
Fait le trottoir à la Villette
V'la ce que c'est d'être sans défaut