Tu n’es pas revenue

Au bout de la cour
Le bouleau a grandi de trois pouces et demi
Tu n'es pas revenue, au fond du cimetière
Quelques pierres ont poussé, ma grand-mère a prié

Tu n'es pas revenue, au milieu du champ
Les pissenlits sont blancs, l’épouvantail attend
Tu n'es pas revenue, au cœur de la nuit
Les larmes fuient les songes, l'oreiller les éponge
Tu n'es pas revenue, au milieu du champ
Je fais du coq à l'âne, le tracteur est en panne
Tu n'es pas revenue

Au bout de la cour
La balançoire attend, ballottée par le vent
Tu n'es pas revenue, au bout de mes doigts
La page aux pointes pliées, que j'ai jamais tournées

Tu n'es pas revenue, au milieu du champ
Mauvais toréador, l’épouvantail est mort
Tu n'es pas revenue, y'a des moments
L'automne en plein juillet, le monde qui promet
Et moi qui n'y crois plus

Au bout de la cour
Le bouleau dans les branches, on est déjà dimanche
Tu n'es pas revenue, au fond de mon cœur
Un pouls qui s'accélère quand claquent les portières
Quand s'allume la rue, au milieu du champ
La récolte est mauvaise, y'aura ni blé ni fraise

Tu n'es pas revenue, au long de la grève
Quelques poissons qui crèvent
Et mes yeux qui te rêvent
Tu n'es pas revenue

Peut-être qu'un jour, au bout d'un hiver froid
Par un soir de verglas
J'aurai compris pourquoi, au bout de la cour
Le bouleau n'en peut plus
Faudra que je m'y habitue
Tu ne reviendras pas
Tu ne reviendras plus