Rentrée des classes
Sur le lit étalé en patchwork
L'essentiel de ma garde robe, bien !
Tout est lavé, essoré, séché, repassé
Me voilà prêt pour le jour J du lendemain
En finissant de boucler mes bagages
Mon stylo quatre couleurs, mon taille-crayon mappemonde
Je calcule sur une Texas instruments™
Combien font vingt-quatre heures en secondes
Mais non j'ai pas peur !
J'aime pas les rentrées, c'est tout !
Je retrouve en faisant mon sac
Un vieux bulletin que j'avais caché
Je me souviendrais toujours des phalanges de mon père
Quant je lui avait dit : « Ils sont en retard cette année ! »
« Résultats faibles, doit poursuivre les efforts
Élève absent même quand il est là ! »
Il paraîtrait que cette année ce soit plus dur encore
Mais alors, c'est tous les ans ou quoi ?
Un nouveau monde s'ouvre à mes yeux
Encore une année qui passe
Appréhension, cafard et trouille bleue
C'est la rentrée des classes !
Je touche du bois, je croise les doigts
Pour avoir un prof principal sain d'esprit
Un emploi du temps sympa
Qui commencerais mardi et finirait… mardi !
C'est décidé, je mettrais dès demain
Fin à mes jours si cette année aussi
Je retrouve ce psychopathe de Martinot
En histoire et géographie
Mais non j'ai pas peur !
J'aime pas qu'on me presse, c'est tout !
Le compte à rebours est lancé, je m'en remets au ciel
Allez quoi s'il vous plait, juste un tremblement de terre
Que les secours débarquent et me lancent une échelle
Par pitié, emmenez-moi dans votre hélicoptère !
Après trois cents tours sur moi-même
Je m'endors, je rêve et je délire :
J'arrive au collège en chausson, y'a pas mon nom sur les listes
Martinot me poursuit, j'arrive pas à courir !
Un nouveau monde s'ouvre à mes yeux
Encore une année qui passe
Appréhension, cafard et trouille bleue
C'est la rentrée des classes !
Devant l'alignement militaire des cartables
Se dessine la silhouette des gardiens de ghetto
Les professeurs pactisent avec le diable :
La preuve en est qu'ils sont chaussés Méphisto !
L'un d'entre eux, celui au regard sombre
S'avance doucement vers moi, on dirait Lucifer
Il est tellement grand qu'y fait froid dans son ombre
« Dites donc, n'en faites pas un peu trop, Aldebert ? »
« Si peu, monsieur Martinot, si peu ! »