LES SOLDATS
Ils sont venus à pas de loup
Ils sont venus je ne sais d'où
Ils avaient fait un long voyage
On leur donna des viandes, du vin
Puis ils chantèrent de gais refrains
Parlant de gloire et de carnage
Puis à la fin de ce beau jour
Ils chantèrent des chansons d'amour
Et toutes les filles même les plus sages
Rêvèrent de leurs danses, de leurs chants
Et les vieillards comme les enfants
En les voyant n'avaient plus d'âge
Ils demeurèrent ici longtemps
Combien de mois, combien de printemps
Je n'saurai dire car ma mémoire
N'a gardé d'eux qu'un vieux souvenir
Fait d'amertume, d'étrange plaisir
Mais pour le printemps c'est autre histoire
Pourtant je l'avoue ils ont volé
Sans trop l'savoir tout c'que j'voulais
Seul est resté le paysage
La plaine déserte où je viens ce soir
En frissonnant parce qu'il fait noir
Et que j'n'ai plus aucun courage
Ils sont repartis à pas de loup
Ils sont repartis je ne sais où
Sans doute pour faire un long voyage
D'autres leur donneront des viandes, du vin
Ils leur chanteront de gais refrains
Parlant de gloire et de carnage
Puis à la fin de quelque beau jour
Ils chanteront des chansons d'amour
Et toutes les filles même les plus sages
Rêveront de leurs danses et de leurs chants
Et les vieillards comme les enfants
En les voyant n'auront plus d'âge
(C'était les soldats !)