Le Revenant
Calme, confortable, officiel
En un mot résidentiel
Tel était le cimetière où
Cet imbécile avait son trou
Comme il ne reconnaissait pas
Le bien-fondé de son trépas
L'a voulu faire aberration !
Sa petite résurrection
Les vieux morts, les vieux "ici-gît"
Les braves sépulcres blanchis
Insistèrent pour qu'il revînt
Sur sa décision mais en vain
L'ayant astiquée, il remit
Sur pied sa vieille anatomie
Et tout pimpant, tout satisfait
Prit la clef du champ de navets
Chez lui s'en étant revenu
Son chien ne l'a pas reconnu
Et lui croque en deux coups de dents
Un des os les plus importants
En guise de consolation
Pensa faire une libation
Boire un coup de vin généreux
Mais tous ses tonneaux sonnaient creux
Quand dans l'alcôve il est entré
Embrasser sa veuve éplorée
Il jugea d'un simple coup d'il
Qu'elle ne portait plus son deuil
Il la trouve se réchauffant
Avec un salaud de vivant
Alors chancelant dans sa foi
Mourut une seconde fois
La commère au potron-minet
Ramassa les os qui traînaient
Et pour une bouchée de pain
Les vendit à des carabins
Et, depuis lors, ce macchabée
Dans l'amphithéâtre tombé
Malheureux, poussiéreux, transi
"Ah ! ce qu'on s'emmerde ici" !