Serre et monie
Dans la rue, je lève le poing, je l’ouvre, regardez-le : c’est votre main, la voyezvous?
Dans la rue, je demande, je parle avec des mots, écoutez-les, ce sont vos propres
paroles, entendez-vous ?
Si ce n’est que le vent
Il souffle pourtant
C’est un garçon, touchez-le, c’est votre chair et votre sang, le sentez-vous ?
Dans ses yeux clairs, je vois flou, je les frotte, séchez-les, ce sont vos larmes, les
goûtez-vous ?
Voyez-vous, bras et jambes entremêlés,
Jouer du coude pour avancer
Tendre la main et se brûler,
Se propager, comme une pluie d’étincelles,
Comme ces cris dans la ruelle
Qui nous appellent – qui appelons-nous ?
Si ce n’est que le vent
Il souffle pourtant
Si ce n’est que le souffle,
C’est déjà la vie qui fuit
L’habitude nous emmure dans son armure
On s’croit de bois, on s’croit de fer
Soudain on est parfait pour l’enfer30
Coeur de pierre, seul sur terre
Qui sombre au fond de la rivière
Emporté par les remous
Qu’on aurait pris sur nos genoux
Si l’espoir n’est pas de ce monde il naît de ce monde
L’espoir n’est pas de ce monde, il naît de ce monde-ci
Il n’est nulle part de monde aussi beau que celui-ci